Dans un style réaliste

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Portrait imaginaire (série des porteurs de sièges), Four à bois, 38 x 15 x 25 cm, 2019

Portrait imaginaire
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
38 x 15 x 25 cm, 2019

Portrait imaginaire (série des porteurs de sièges), Four à bois, 49 x 29 x 28 cm, 2018

Portrait imaginaire
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
49 x 29 x 28 cm, 2018

Femme aux boucles d'oreilles (série des porteurs de sièges), Four à bois, 37 x 17,5 x 25 cm, 2018

Femme aux boucles d’oreilles
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
37 x 17,5 x 25 cm, 2018

Portrait imaginaire (série des porteurs de sièges), Four à bois, 36 x 25 x 22 cm, 2018

Portrait imaginaire
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
36 x 25 x 22 cm, 2018

Portrait imaginaire (série des porteurs de sièges), Four à bois, 36 x 26 x 25 cm, 2018

Portrait imaginaire
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
36 x 26 x 25 cm, 2018

Femme à la chevelure rousse (série des porteurs de sièges), Four à bois, 25 x 17 x 23 cm, 2018

Femme à la chevelure rousse
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
25 x 17 x 23 cm, 2018

 

Naïade (série des porteurs de sièges), Four à bois, 49 x 33 x 24 cm, 2018

Naïade
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
49 x 33 x 24 cm, 2018

 

Aveugle souriant II (série des porteurs de sièges), Four à bois, 43 x 25 x 20 cm, 2018

Aveugle souriant II
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
43 x 25 x 20 cm, 2018

Si vous voulez monter haut, servez-vous de vos propres jambes. Ne vous faites pas porter en haut, ne vous asseyez pas sur le dos et la tête des autres !

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Éditions 10/18, Christian Bourgeois, Dominique de Roux, p. 274

 

L'extasié (série des porteurs de sièges), Four à bois, 31 x 24 x 25,5 cm, 2018

L’extasié
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
31 x 24 x 25,5 cm, 2018

Nous vivons aujourd’hui plus longtemps qu’auparavant, nos connaissances se sont considérablement élargies, nous sommes capables de faire plus… et pourtant nous sommes toujours en proie à un sentiment de vide, nous craignons la solitude et cultivons la peur. Les religions et les philosophies n’ont pas fini de tenter d’apaiser nos doutes. Compter sur soi-même reste l’attitude la plus sûre qui soit. L’artiste en particulier ose affronter les questions fondamentales de l’existence. Peut-être que l’essence même de l’art consiste dans la transmission d’une peur existentielle, dans la propagation même du doute.
José Strée, le 7 juin 2018

Sans titre (série des porteurs de sièges), Four à bois, 29,5 x 25 x 40 cm, 2018

Sans titre
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
29,5 x 25 x 40 cm, 2018

 

Femme écoutant (série des porteurs de sièges), Four à bois, 52 x 32 x 22 cm, 2018

Femme écoutant
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
52 x 32 x 22 cm, 2018

 

Femme à la robe noire (série des porteurs de sièges), Four à bois, 39 x 23 x 17,5 cm, 2018

Femme à la robe noire
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
39 x 23 x 17,5 cm, 2018

Il se peut que l’instable ainsi se transmette et se donne quelque carrière. N’est-ce point-là, d’ailleurs, dans l’ordre de l’esprit, la fonction de nos œuvres, l’acte du talent, l’objet même du travail, et, en somme, l’essence du bizarre instinct de faire survivre à soi ce que l’on obtient de plus rare ? Paul Valéry, Monsieur Teste, p. 4

 

Aveugle souriant I (série des porteurs de sièges), Four à bois, 44 x 26 x 23,5 cm, 2018

Aveugle souriant I
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
44 x 26 x 23,5 cm, 2018

Homme chantant (série des porteurs de sièges), Four à bois, 37 x 24 x 33 cm, 2018

Homme chantant
(série des porteurs de sièges),
Four à bois,
37 x 24 x 33 cm, 2018

 

Le siège de la conscience I, Four à bois, 50 x 20 x 28 cm, 2017

Le siège de la conscience I,
Four à bois,
50 x 20 x 28 cm, 2017

Les hommes les plus malheureux : ceux qui n’ont pas droit à l’inconscience. Avoir une conscience toujours en éveil, redéfinir sans cesse son rapport au monde, vivre dans la perpétuelle tension de la connaissance, cela revient à être perdu pour la vie.

Cioran, Sur les cimes du désespoir, p. 50

Siège de la conscience II, Four à bois, 33,5 x 19 x 20,5 cm, 2017

Siège de la conscience II,
Four à bois,
33,5 x 19 x 20,5 cm, 2017

Les hommes vivent en pleine illusion. Mais malheur à celui qui en prend conscience.

Bram Van Velde. Charles Juliet. Rencontres avec Bram Van Velde, p. 40

 

Tête rousse, Four à bois, 34 x 23 x 23 cm, 2017

Défiguration,
Four à bois,
34 x 23 x 23 cm, 2017

La figure, jusque dans sa contestation la plus violente (la défiguration sublime), aura toujours été l’unique concept de l’art. Et du religieux avoué ou non.

Philippe Lacoue-Labarthe, Écrits sur l’art, p. 219

Stylite aux quatre chimères

Stylite aux quatre chimères
Terre cuite au four à bois,
47 x 15 x 16 cm, 2016

Stylite accroupi

Stylite accroupi
Terre cuite au four à bois,
53 x 14 x 18 cm, 2016

En ce mois de février je termine un xième stylite. J’aime son expression. C’est un vieil anachorète quasi nu qui semble ruminer de vieilles convictions. Cette notion de croyance est au coeur de ma réflexion. Comme les dénigrent Émil Cioran, Oscar Wilde, Michel Onfray et d’autres écrivains que j’apprécie, je me moque un peu aussi des certitudes avec cette série de stylites qui renvoie à ces ermites qui ont fait le choix de vivre dans l’inconfort, la mendicité, à mi-chemin (pensent-ils?) entre Dieu et le monde séculier. Ce choix extrême de vivre par tous les temps sur un inconfortable piédestal, de n’en descendre sous aucun prétexte, jusqu’à ce que mort s’ensuive, cela tient tout à la fois de la foi et de la folie. Cette posture inspire du respect, de l’admiration et tout aussi bien la réfutation, la détestation. Que penser du fait de se reclure comme ces ermites qui jadis en s’isolant sacrifiaient leur vie, convaincus qu’ils étaient de l’offrir à Dieu? Que penser de ces extrémistes qui, de nos jours, choisissent de quitter dans la douleur, pour eux-mêmes, mais aussi, hélas pour autrui — le monde des vivants ? Si ces rares stylites des premiers siècles de notre ère offraient dans les vallons syriens leurs prières et leurs conseils spirituels en échange de nourriture et de boisson, qu’offrent aujourd’hui ces fous de Dieu en se faisant exploser au milieu des foules ?  Ces esprits conquis totalement par des idéologies, par des certitudes, n’ayant plus pour autre désir de concrétisation que d’accélérer la fin de l’existence, cette vie, ce cadeau essentiel fait à chaque individu par le plus fabuleux mystère qui soit—, ces esprits, disais-je, ne sont-ils le symbole même de l’homme sur terre, incapable de libre arbitre, incapable d’ajouter à ses acquis le fruit des découvertes de ses semblables, préférant s’en tenir au « révélé », s’y dissoudre plutôt que d’en bien jouir ?
Être bercé par la certitude, n’est-ce pas mourir ? Douter, n’est-ce pas vivre ?
José STRÉE, le 20 février 2016

Stylite VIII ou Stylite couché luttant contre le sommeil

Stylite couché luttant contre le sommeil
Terre cuite au four à bois,
36 x 19 x 18 cm, 2016

Stylite à genoux

Stylite à genoux
Terre cuite au four à bois,
41 x 23 x 19 cm, 2016

Difformité transcendante

Difformité transcendante
Terre cuite au four à bois,
29 x 13 x 16 cm, 2016.

La béatitude n’apparaît que là où toute attache est rompue. La béatitude n’est pas compatible avec ce monde. C’est pour elle que l’ermite détruit tous ses liens, c’est pour elle qu’il se détruit.
Cioran, Le Mauvais démiurge, Quarto Gallimard 2015, p. 1225.

Stylite assis luttant contre le sommeil

Stylite assis luttant contre le sommeil
Terre cuite au four à bois,
37 x 20 x 20 cm, 2016

Plus une seule personne ne sait rester seule avec elle-même. Ce qui est en soi une catastrophe. Et d’autre part, l’extrême solitude peut entraîner la démence sans retour. Le stylite symbolise cette situation universellement ressentie, que ni la vie en société ni la vie en ermite n’offrent l’accès à la sagesse, la moindre clef pour trouver un sens à l’existence.
José Strée, Journal, août 2016.

 

Chimère XII

Chimère XII
Terre cuite au four à bois,
27,8 x 37,2 x 23 cm, 2015

Chimère XII

Chimère XII
Terre cuite au four à bois,
27,8 x 37,2 x 23 cm, 2015

« Pour la première fois, les mêmes sont les maîtres de tout ce que l’on fait et de tout ce que l’on en dit. »
Guy Debord, Pomégyrique, Paris, Gérard Lebovici, 1989

Envoyé VIII

Chimère VIII
Terre cuite au four à bois,
27,3 x 33,3 x 22 cm, 2015

Envoyé VIII

Chimère VIII
Terre cuite au four à bois,
27,3 x 33,3 x 22 cm, 2015

« Pourquoi le projet d’imposer le bien est-il dangereux ? À supposer qu’on connaisse la nature de ce dernier, il faudrait déclarer la guerre à tous ceux qui ne partagent pas le même idéal, or ils risquent d’être nombreux. »
Les Ennemis intimes de la démocratie, Tzvetan Todorov, Laffont 2012, p.74

Envoyé X

Chimère X
Terre cuite au four à bois,
31 x 37 x 23 cm, 2015

Envoyé X

Chimère X
Terre cuite au four à bois,
31 x 37 x 23 cm, 2015

« La Révolution française se contentait de remplacer la souveraineté du monarque par celle du peuple ; l’ultralibéralisme lui, met la souveraineté des forces économiques, incarnées dans la volonté des individus, au-dessus de la souveraineté politique, quelle qu’en soit la nature. »
Les Ennemis intimes de la démocratie, Tzvetan Todorov, Laffont 2012, p.136

Envoyé XI

Chimère XI
Terre cuite au four à bois,
25,5 x 35 x 21 cm, 2015

Envoyé XI

Chimère XI
Terre cuite au four à bois,
25,5 x 35 x 21 cm, 2015

 

Envoyé XII

Chimère XII
Terre cuite au four à bois,
31,5 x 34 x 22,5 cm, 2015

Envoyé XII

Chimère XII
Terre cuite au four à bois,
31,5 x 34 x 22,5 cm, 2015

« Auparavant, le mal venait de la nature, la volonté humaine appuyée sur la science était source de salut, aujourd’hui c’est le contraire : la science est perçue comme un risque, et c’est la nature qui apporte l’espoir. »
Les Ennemis intimes de la démocratie, Tzvetan Todorov, Laffont 2012, p.156

Envoyé V

Chimère V
Terre cuite au four à bois,
32 x 34 x 21 cm, 2014

« Toutes les calamités — révolutions, guerres, persécutions — proviennent d’un à-peu-près… inscrit sur un drapeau. »
Cioran, Syllogismes de l’amertume, Quarto Gallimard p. 803

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Envoyé VI

Chimère VI
Terre cuite au four à bois,
27,5 x 32 x 20,5 cm, 2014

« L’obscurantisme est de retour. Mais cette fois-ci, nous avons affaire à des gens qui se recommandent de la raison. »
Pierre Bourdieu, interview accordée à la Radio suisse romande

Envoyé VII

Chimère VII
Terre cuite au four à bois,
26 x 34 x 17,5 cm, 2014

 

Envoyé III

Chimère III 
Terre cuite au four à bois,
31,6 x 37,5 x 17 cm, 2014

«  Les grands esprits, toujours, furent des sceptiques ; et les convictions des prisons. »
Roland Jaccard, Les Chemins de la désillusion, Grasset, 1979, p.103

Envoyé IV

Chimère IV
Terre cuite au four à bois,
29 x 39 x 18,6 cm, 2014

«  On part de l’absurde pour construire du sens ; tandis que ceux qui partent du sens, ceux qui pensent détenir la vérité, finiront toujours dans l’absurde. »
Kamel Daoud

«  La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J’aime aller vers Dieu, à pied s’il le faut, mais pas en voyage organisé. »
Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête, Actes Sud, 2014

Envoyé II

Chimère II
Terre cuite au four à bois,
26,8 x 35 x 17 cm, 2014

 

Chimère, Terre cuite au four à bois, 28 x 36 x 18 cm, 2013

Chimère I
Terre cuite au four à bois,
28 x 36 x 18 cm, 2013

Ma série des oiseaux noirs a débuté en 2013. J’ai tout d’abord réalisé un oiseau à l’apparence pour moitié humaine, et pour autre moitié oiseau, à partir — chose rare chez moi — d’un dessin à la mine grasse. Il supporte deux fines barrières, maintenues sur ses ailes à l’aide d’une corde. Son apparence sous certains angles si proche d’une attitude humaine me l’a immédiatement rendu sympathique, à vrai dire… terrifiant, mais sollicitant incessamment mon attention. Ses pattes étaient lourdes, ses serres devenaient des doigts, ses pattes des pieds d’humains comme agglutinés sur un chemin. On sent l’effort qu’il produit pour avancer. Une pénibilité évidente s’en dégage, mais on dirait que cette peine est consentie, qu’elle a une raison d’être.
Le choix de la terre et la cuisson au four à bois ont rendu son aspect noir, renforçant encore cette impression. Le choix de cette terre était intentionnel, j’avais envie de poursuivre dans cette voie sombre, comme je l’avais déjà expérimentée avec « Âme attachée II », « Gisante noire », et « Gémellité ».
Il m’est vite venu à l’esprit que cette posture attendait une suite, que d’autres sculptures d’oiseaux devaient l’accompagner. À plusieurs, ils pourraient apparaître comme une colonie d’êtres hybrides chargés de débarrasser de la terre ce qui entrave la vie des hommes. Barrières, grilles de prison, fragments de murs, palissades, armes, drapeaux, signes religieux, argent, drogues, privilèges… pourraient être ainsi représentés sur les ailes le plus souvent ramassées derrière le dos de ces êtres chimériques.
Telles ont été mes premières réflexions, qui n’ont pas changé durant les quelques mois qui ont séparé la création de toutes ces figures. Je ne sais combien j’en réaliserai, mais pour la première fois de ma vie, l’envie de poursuivre une série s’est faite évidence, une sculpture en appelant une autre, s’imposant à moi comme une nécessité.
José Strée

 

Murphy

Murphy
Terre cuite au four à bois,
29,5 x 41,7 x 21,4 cm, 2014

« Fendu en deux, toute une partie de lui-même ne quittait jamais ce cabinet mental qui s’imaginait comme une sphère pleine de clarté, de pénombre et de noir. Elle ne le quittait jamais, parce qu’il n’y avait pas de sortie. Mais tout mouvement dans ce monde de l’esprit exigeait dans le monde du corps un état de repos. »
Samuel Beckett in Murphy, Éditions de Minuit, 1947, p. 98.

« En effet, rien ne vint l’empêcher et il s’en alla, doucement, loin des pensums et des prix, loin de Célia, des marchands de couleurs, des voies publiques, etc., loin de Célia, des autobus, des jardins publics, etc., dans un lieu où il n’y avait ni pensums, ni prix, mais seulement lui-même, embelli à s’y méconnaître. »
Samuel Beckett in Murphy, Éditions de Minuit, 1947, p. 94.

 

Duo en deuil

Duo en deuil
Terre cuite au four à bois,
23 x 73 x 16 cm, 2015

Gisante noire, Terre cuite au four à bois, 22,2 x 53 x 14,2 cm, 2013

Gisante noire
Terre cuite au four à bois,
22,2 x 53 x 14,2 cm, 2013

« La mort est un état de perfection, le seul à la portée d’un mortel. »  
E. M. Cioran, in De l’inconvénient d’être né, Gallimard, p. 70.

 

Enfant endeuillée

Enfant endeuillée
Terre cuite au four à bois,
13,2 x 20 x 14,6 cm, 2015

 

Gémelité, Terre cuite au four à bois, 25 x 54 x 15 cm, 2013

Gémellité
Terre cuite au four à bois,
25 x 54 x 15 cm, 2013

— Et on sera ensemble pour toujours ?
— Jusqu’à ce que la mort nous unisse, ajouta-t-il sans hésiter.
David Grossman, in Une femme fuyant l’annonce,  roman, Édition du Seuil, 2011.

 

 

Citratice Terre cuite au four à bois, 55 x 26 x 26 cm, 2013

Cicatrice
Terre cuite au four à bois,
55 x 26 x 26 cm, 2013

« Pourtant, une cicatrice ne s’est pas bien ressoudée au secret de la chair, dans les replis de l’esprit ou les alvéoles de la mémoire, et elle ne doit peut-être jamais être refermée si elle doit rester le gage de toute création. » Jean-Pierre Otte, in Strogoff,  roman, Julliard,  2013, p. 298.

 

 

Prison Céramique au four à bois, 34 x 33 x 33 cm, 2013

Prison
Céramique au four à bois, 34 x 33 x 33 cm, 2013

« Nos convictions les mieux enracinées, les plus indubitables, sont les plus suspectes. Elles constituent nos limites, nos confins, notre prison. La vie est bien peu de chose si ne piaffe pas en elle un formidable élan en vue d’élargir ses frontières. On vit dans la mesure où l’on aspire à vivre davantage. Toute obstination à rester à l’intérieur de notre horizon habituel est synonyme de faiblesse, de décadence des énergies vitales. L’horizon est une ligne biologique, un organe vivant de notre être ; tant que nous jouissons de plénitude, l’horizon émigre, se dilate, ondule comme un élastique au rythme de notre respiration. En revanche, quand notre horizon se fige, cela signifie qu’il s’est ankylosé et que nous entrons dans la vieillesse. » José Ortega y Gasset, La Déshumanisation de l’art, 1924, Éditions Allia, p. 37.

 

 

Passion-forgeron Four à bois, 47,5 x 21 x 19 cm, 2012

Passion-forgeron
Four à bois, 47,5 x 21 x 19 cm, 2012

Cette sculpture est en quelque sorte un hommage à mon père forgeron. Je cherchais à travailler de la façon la plus spontanée possible.  J. Strée

« Un objet a toujours un rapport étroit avec l’espace en trois dimensions qui l’entoure, qui le pénètre même. C’est le cas de toutes les sculptures. Là où la différence se marque entre un objet et une sculpture, c’est sur la question de la fonction. Un objet a toujours un usage précis. Une sculpture peut ne pas en avoir un. On ne peut placer une étiquette verbale sur une sculpture qui s’écarte diamétralement de l’objet. On ne peut définir avec concision une telle sculpture. »  J. Strée

 

 

Molloy Four à bois, 42 x 26 x 23,5 cm, 2012

Molloy
Four à bois, 42 x 26 x 23,5 cm, 2012

« Car en moi, il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu’à rester là où il se trouve et celui qui s’imagine qu’il serait un peu moins mal plus loin. De sorte que j’étais toujours servi, en quelque sorte, quoi que je fisse, dans ce domaine. Et je leur cédais à tour de rôle, à ces tristes compères, pour leur permettre de comprendre leur erreur. »  Samuel Beckett, Molloy, p. 72.

Stylite assis

Stylite assis
Terre cuite au four à bois,
45,3 x 14 x 16 cm, 2015

Stylite assis

Stylite assis
Terre cuite au four à bois,
45,3 x 14 x 16 cm, 2015

Nous avons vu la colonne de Siméon le Stylite, ce rocher érodé dans sa grande basilique rose, saint Siméon homme d’étoiles, que les astres découvraient nu, les soirs d’été, sur son pilier immense, au creux des vallons syriens…
Mathias Enard, Boussole, roman, Actes Sud 2015, p. 364

Stylite couchée

Stylite couchée
Terre cuite au four à bois,
45 x 19,5 x 16 cm, 2015

Stylite couchée

Stylite couchée
Terre cuite au four à bois,
45 x 19,5 x 16 cm, 2015

 

Stylite V

Stylite V
Terre cuite au four à bois,
40 x 21 x 16 cm, 2015

Stylite V

Stylite V
Terre cuite au four à bois,
40 x 21 x 16 cm, 2015

La série des stylites a débuté en 2012, après avoir vu le film « Simón del desierto » de Luis Buñuel, sorti en 1965. Le réalisateur s’était inspiré de Siméon le Stylite, ermite ayant vécu au Ve siècle, durant plus de quarante ans, perché sur une colonne dans le désert de Syrie. Certains critiques ont vu que dans ce film, l’auteur s’en prenait avec humour à la religion mystique. Telle est également mon intention, ravivée par l’actualité récente, dans laquelle des « fous de Dieu » aux actes radicaux et aux conséquences funestes nous renvoient dans le Moyen Âge, bien loin de l’esprit des Lumières.

 

 

Sans titre, Terre cuite au four à bois, 58,5 x 18,5 x 15,5 cm, 2013

Stylite III
Terre cuite au four à bois,
58,5 x 18,5 x 15,5 cm, 2013

« La grande fatigue de l’existence n’est peut-être en somme que cet énorme mal qu’on se donne pour demeurer vingt ans, quarante ans, davantage, raisonnable, pour ne pas être simplement, profondément soi-même, c’est-à-dire immonde, atroce, absurde. Cauchemar d’avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, surhomme du matin au soir, le sous-homme claudicant qu’on nous a donné. »
Céline in Voyage au bout de la nuit, p. 418.

« En se vidant du pathétisme humain, l’art perd toute transcendance ; il n’est plus qu’art, sans autre prétention. »
José Ortega y Gasset in La Déshumanisation de l’art, 1924.

 

 

Inclination Terre cuite au four à bois, 58 x 13,5 x 23 cm, 2013

Stylite II
Terre cuite au four à bois,
58 x 13,5 x 23 cm, 2013

« Qu’est-ce qui fait l’énigme d’une oeuvre d’art ? Je pense que c’est le fait qu’on se trouve devant une chose, physique, et en même temps, on pressent l’évidence d’un univers spirituel impénétrable. » J. Strée

« J’estime que les notions de gaieté et de tristesse appartiennent à un plan qui n’est pas celui de l’art. L’art commence là où ces notions ont perdu leur sens. »
Jean Dubuffet in Bâtons rompus, Éditions de minuit, 1986, p. 9.

 

 

Couple colonne, Terre cuite au four à bois, 45 x 21 x 16 cm, 2013

Stylite IV
Terre cuite au four à bois,
45 x 21 x 16 cm, 2013

« Les oeuvres d’un artiste ne répondent pas à ce qu’il est, mais à ce qu’il aspire à être, à ce qu’il désire devenir. À une projection imaginaire de son être. »
Jean Dubuffet in Bâtons rompus, Éditions de minuit, 1986, p. 50.

« L’oeuvre doit être douée d’un pouvoir précieux qui est d’éclairer qui la regarde sur un aspect des choses qui lui était inconnu ; elle doit avoir l’effet de régénérer sa vision, susciter chez lui une façon nouvelle de regarder les choses et de les concevoir. Elle doit exercer une action sur sa pensée, modifier celle-ci, l’inciter à prendre une position neuve, imprévue.»
Jean Dubuffet in Bâtons rompus, Éditions de minuit, 1986, p. 55.

 

 

L'Homme au fût Four à bois, 45 x 15,5 x 16 cm, 2012

Stylite I
Four à bois, 45 x 15,5 x 16 cm, 2012

« Pour certains artistes, l’art a tantôt été un sacrifice, tantôt une offrande. Un sacrifice, chacun en est conscient. L’œuvre entier de chaque artiste est sacrifice. Certes, il n’exclut pas la jubilation, la satisfaction, la reconnaissance… mais tout art est souffrance. On est en devoir de se demander ce qui peut pousser un artiste à tant d’abnégation, à tant de privation, d’obstination. […] Que serait cette ardeur sinon la certitude de s’adresser à plus haut que soi ? L’art est donc également une offrande. Que cherche-t-elle à expier ? Que souhaite l’artiste en retour ? Que veut-il éloigner ? Et que se passerait-il dans le monde des hommes si le sacrifice et l’offrande n’étaient pas consentis ? Nul ne le sait, bien sûr. Cela tient du mystère. Mais lorsque l’artiste se retourne sur l’œuvre accompli, et qu’il a eu soin de ne pas seulement s’adresser aux besoins, et aux attentes matérielles des hommes, grande est sa conviction d’avoir produit quelque chose qui en vaille la peine, Un œuvre, oui, tourné vers l’incommensurable, alors même que son occupation est jugée futile. »
J. Strée in « L’art et l’incorporel » (extrait).

 

Repli

Repli
Terre cuite au four à bois,
19 x 20 x 28,5 cm, 2015

Repli

Repli
Terre cuite au four à bois,
19 x 20 x 28,5 cm, 2015

 

L'Écoute Four papier, 73 x 21 x 28 cm, 2010

L’Écoute
Four papier, 73 x 21 x 28 cm, 2010

« Créer quelque chose, pour le faire disparaître ensuite a quelque chose de mystique, quelque chose de religieux parce qu’il est question d’apparition et de disparition, d’union et de séparation. Il va de soi que l’instauration d’un rituel, au sens de manie, de familier, de quotidien, d’ordinaire… m’apparaît indispensable. La peinture, la sculpture, tous les arts ont une connotation avec le rituel. Il s’agit tout de même pour celui qui crée de quitter le lieu de vie habituel pour monter à l’atelier (ou descendre), pour s’isoler, acte essentiel à la création. Cela ne va pas sans une manière particulière de s’y rendre, de commencer, d’accomplir, de finir, de sacrifier le travail, de s’en séparer. »
J. Strée in Journal, 7 février 2008.

 

Tête vase

Tête vase
Terre cuite au four à bois,
19,5 x 19,5 x 24,5 cm, 2015

Tête vase

Tête vase
Terre cuite au four à bois,
19,5 x 19,5 x 24,5 cm, 2015

 

Tête d'expression I, Four papier, raku, 26 x 19 x 18 cm, 2006

Tête d’expression I
Four papier, raku,
26 x 19 x 18 cm, 2006

   « Mes sculptures ont subi des outrages, des violations déterminées. Quand je les estime terminées, elles ont l’apparence de vieilles choses. C’est à ce stade qu’elles me semblent parées de sagesse, de plénitude, comme des êtres vivants qui ont beaucoup enduré, qui ont accumulé assez d’expérience. Elles célèbrent leur victoire. Ce n’est donc pas leur disparition lente vers l’état de poussière qui est présenté, mais leur maintien dans le temps et dans l’espace. Ce n’est pas la beauté perdue de leur jeunesse qui est évoquée, c’est l’état sublime de leur maturité. »
J. Strée.

 

Tête d'expression IV Four papier, raku, 27 x 18 x 20,5 cm, 2009

Tête d’expression IV
Four papier, raku,
27 x 18 x 20,5 cm, 2009

« La tête d’expression est un mode sculptural à part entière. Pour moi, me laisser conduire à la découverte d’une expression humaine est en quelque sorte un “temps de repos” dans ma recherche formelle. Malaxer la terre, constituer une masse pleine, lui donner une forme approximative, et enfin, accompagner le caractère du visage qui naît sous les doigts, voilà une activité quelque peu “récréative”. Il reste à vider l’intérieur et procéder à la cuisson. Dans ce cas, une double cuisson a eu lieu : four papier puis raku. »
J. Strée

« Le visage, c’est la faiblesse par excellence, la nudité par excellence, le sans-défense, la mortalité et, en même temps, le commandement de répondre pour autrui ».
Levinas.

 

 

Tête d'expression III Four papier, raku, 28 x 19 x 21 cm, 2009

Tête d’expression III
Four papier, raku,
28 x 19 x 21 cm, 2009

 « Je désire un art mystérieux, qui rappelle toujours, à ceux qui le comprennent, qui rappelle à demi les choses chèrement aimées, un art qui agit par la suggestion, et non par l’expression directe, un ensemble complexe de rythmes, de couleurs, de gestes […] qui soit une mémoire et une prophétie. »
William Butler Yeats (1865-1939)

 

 

Main au front Four papier, 21 x 21 x 10 cm, 2008

Main au front
Four papier, 21 x 21 x 10 cm, 2008

« En somme, l’absence nous fait regarder, nous fait participer, nous fait créer à notre tour. On peut certainement soutenir qu’aucune œuvre n’est achevée puisque, de toute manière, elle ne satisfait jamais totalement le spectateur. Du simple fait que le spectateur ne peut s’empêcher de tenter achever sa perception de l’œuvre, aucune œuvre n’est finie, si réaliste soit-elle. »
J. Strée in « Le Voile » (extrait).

 

 

Femme recroquevillée Pit Fire, 15,2 x 26 x 15 cm, 2011

Femme recroquevillée
Pit Fire, 15,2 x 26 x 15 cm, 2011

Edgard Poe assurait : « … un poème ne devrait ni prêcher quelque vertu, ni raconter une histoire. Le meilleur poème étant généralement bref et « écrit à la seule fin d’écrire un poème » ». Je pense de même pour la sculpture. Elle ne doit rien raconter, elle ne doit pas décorer, elle ne doit avoir aucune fonction, autre que celles d’être réalisée pour elle-même et d’être adressée comme une offrande à ce qui nous dépasse, nous les êtres humains. « Que l’oeuvre n’imite rien et qu’elle présente nûment sa raison d’être ».
J. Strée

 

 

Golem Terre cuite, 15 x 48 x 26 cm, 2003

Golem
Terre cuite, 15 x 48 x 26 cm, 2003

« Travaillant une terre trop molle pour envisager toute érection de personnage, je me suis surpris à composer un gisant. En cours de réalisation, l’idée me vint d’en faire un golem, c’est-à-dire un être né de terre glaise selon des préceptes de la kabbale juive. La tête entre les jambes ne signifie aucunement une quelconque décapitation, mais bien une tête façonnée réalisée en terre, en attente d’être placée sur le tronc, avant qu’une récitation de formules kabbalistiques par un hypothétique rabin soit prononcée pour lui donner vie. Le golem n’a ni nombril, ni mamelons, ni sexe, ni regard. Il est encore indéterminé. »
J. Strée

Cette sculpture est inspirée de la lecture du roman « La Procédure » de Harry Mulisch, 2001.

 

 

Femme fragment Terre cuite, 10 x 42 x 21 cm, 2004

Femme fragment
Terre cuite, 10 x 42 x 21 cm, 2004

« J’ai remarqué, en feuilletant beaucoup de catalogues, que je m’arrêtais sur des fragments de corps : pieds, torses, visages, mains, jambes, sexes. Je pense que mon attrait pour de tels « morceaux » de la réalité corporelle des hommes est l’un des plus forts qui soit, et depuis longtemps. La réalisation de la totalité du corps entraîne en sculpture une sorte d’incitation au réalisme débouchant sur un manque de synthèse formelle. Une fois que l’on s’attaque à tout un corps, on ne sait plus s’arrêter et l’on passe le plus clair de son temps de création à modeler le moindre orteil, au lieu de maintenir son attention sur la création proprement dite. »
J. Strée in Journal, juillet 2006

 

 

L'Homme qui marche Argile cellulose, 32 x 26 x15 cm, 2006

L’Homme qui marche
Argile cellulose, 32 x 26 x15 cm, 2006

« L’homme qui marche est un clin d’oeil à la sculpture du même nom de Rodin. Ce personnage marche en portant son ventre, signe des temps de la consommation outrancière. »
J. Strée

 

 

Tabernacle

Tabernacle
Bronze, 37,5 x 11,5 x 7,5 cm, 2005

 Trans-percé, le corps s’est offert.
Habité, il s’est donné sens.
Quitté, réceptacle de nouveaux possibles, il est vacance sublime…
Lieu du passage,
entrailles qui relient les mondes,
foyer où mature l’être divin, insatisfait de savoir,
béance plus que poche,
le ventre de la femme est le seul temple qui vaille.

Mon art est ici une ode à ce lieu, saint des saints,
tabernacle où se transsubstantient les âmes.

J. Strée

D’autres reproductions de sculptures peuvent encore être vues en cliquant sur Diaporama.