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Le four papier est une technique de cuisson très particulière, assez populaire auprès de céramistes en région Ourthe-Amblève notamment. Elle consiste à cuire en plein air dans un « four » confectionné en bois, terre et papier, des sculptures ou des objets réalisés en terre réfractaire éventuellement colorés d’engobes, ou encore aspergés ou peints préalablement avec une saumure, ou du carbonate de cobalt ou de cuivre.
Deux rangs de briques en V sont placés au centre d’un cercle de briques pour supporter la grille et le poids des sculptures et limiter la déformation de la grille au moment du refroidissement.
La construction en forme de tipi et le bois de cuisson peuvent nécessiter un mètre cube de bois d’épicéa. Pas moins de 13 couches d’affiches épaisses badigeonnées de boue sont encollées sur le tipi de bois afin de constituer une gangue résistant au feu durant plusieurs heures.
La cuisson peut durer environ 7 heures, et atteindre une température de 1100°. Durant toute la durée de la cuisson, du bois introduit par un alandier alimente le feu qui est entretenu sous les sculptures. Celles-ci peuvent atteindre une hauteur de 1,5 mètre, elles peuvent se toucher et même être superposées sur la grille de métal servant de support.
La spécificité de cette technique réside dans le fait que, à haute température, la saumure provoque des réactions chimiques avec le fer contenu dans la terre, faisant virer certaines surfaces des sculptures à l’orange, voire au rouge, ou même au noir si la concentration est très dense. Le carbonate de cobalt ou de cuivre quant à eux produisent des teintes bleutées, grises ou noires. Le tesson reste cependant un peu fragile, mais la terre ainsi cuite et le caractère chromatique final offrent des teintes beiges, grises, orangées et noires d’une réelle force expressive.
Les moments les plus spectaculaires surviennent lorsque les bois du tipi s’embrasent, pouvant créer des flammes culminant à 5 mètres de hauteur durant environ 5 minutes, mais aussi lorsque le tipi s’effondre graduellement sur les sculptures cuites, ou encore lorsqu’on asperge au tuyau d’arrosage les sculptures visibles dans les cendres afin de leur conserver leurs couleurs, et enfin lorsqu’on sort les sculptures pour les admirer une fois cuites.
Mes remerciements vont à Claudine Bodson, Guy Cox, Martine Maréchal, Claude Lohay qui m’ont initié à cette technique.
José Strée